dimanche 13 juillet 2014

La Underwater Birdwatcher Society: des plus haut sommets aux bas fonds


Après notre exploration des fonds sous-marins à Gili Trawangan, on traverse en "speed boat" vers Lombok. Lombok c'est probablement ce à quoi Bali ressemblait 20 ans plus tôt, avant l'invasion touristique et la monarchie du douchebagisme. C'est beau, c'est calme, c'est facile de s'y promener en scooter...bref, un autre paradis. Mais dès notre arrivée on ne se prépare qu'à une seule chose, monter le deuxième plus haut volcan en Indonésie, le Rinjani. À 3724 mètres, c'est pas d'la p'tite bière comme qui dirait!

Soumission au concours de selfie. Une nouvelle catégorie que j'ai nommée le "shadowselfie". On prend nos ombres en photos, c'est tellement 2015! Avant-gardistes que nous sommes.


J'avais un gros rhume (merci à James Wells, notre instructeur de plongée qui me l'a donné!) et Philippe m'a fortement conseillé de me procurer des bâtons de marche...OK, je me fie à son expertise (une excellente décision!) Faut dire que j'étais prête mentalement, je savais que ça serait difficile et que je devrais ravaler mes remarques désobligeantes concernant MON choix d'activité (et oui, ça venait de moi cette idée, un bref moment de folie boostée à la naïveté)!
Mesdames et messieurs, je vous offre l'unique opportunité de revivre avec nous cet événement étape par étape (parce que il y a ZÉRO chance que je refasse ça dans ma vie!):

Notre groupe

Jour 1: On se lève à 4h30 am, on vient nous chercher à l'hôtel à 5h00 et on a 3 heures de route à faire. Départ à 1000 mètres d'altitude à  8h30 am (c'est trop tard bordel!). Ce qui nous laisse avec 8 heures de marche au soleil qui plombe à flanc de volcan avec un dénivelé positif de 2000 mètres! Pour ceux qui ne s'y connaissent pas, c'est ÉNORME 2000 mètres de dénivelé en 8 heures! Je l'ai appris à mes dépends! Mais je tiens bon, j'ai le sourire et j'arrive même à dire que j'ai du plaisir. Ce qui n'est clairement pas le cas de tout le monde. Des cadavres effondrés parsèment notre parcours, ça pleure, ça refuse d'avancer, ça rebrousse chemin en sanglotant... C'est que pour faire plus d'argent, les petites cie boboches vous vendent ça comme une balade en plein air.."Facile, tu vas voir! Non, non, pas besoin d'être en forme n'y d'équipement." Par chance notre groupe, composé de Phil, moi, une suisse et deux brésiliennes (oooohhh, pauvre Philou, entouré de belles filles!) est bien préparé et jovial. Pas de chialage, pas de braillage...et elles sont foutrement en shape les filles! Bien plus que Phil et moi, mais personne n'est ici pour faire la course, on s'attend une fois de temps en temps et on profite du paysage.

Arrivée sur la crête, 3000 mètres d'altitude

Arrivés sur la crête (enfin *&#%#*!!), on respire un peu. Nous dormirons ici, à 3000 mètres d'altitude. Le coucher du soleil est magnifique et la bouffe est ben bonne. On fini de manger et innocemment on demande: "À quelle heure le levé pour la montée finale vers le sommet?" Réponse : "2 heures am." .....Euuuhhh, quoi? "2h00am"...Ah ben oui, on avait bien compris la première fois. Vite on essaie de dormir (j'ai peut-être dormi 2 heures au total) et on se fait réveiller...

Camp, 3000 m. d'altitude

Jour 2: Non, mais y fait frette en criss à 2 h00 am à 3000 mètres d'altitude! J'avais tout mon linge, incluant ma veste en polar et mon manteau, sur le dos avec bandeau, tuque, gants...et j'avais encore froid! Allez hop, on part à 3h30. Les derniers 700 mètres.. Well comment dire, une vraie saloperie! Après 3h30 de montée dans de la roche volcanique et de la cendre ( là où tu avances d'un pas et recule de deux, ben plaisant tout ça) Phil et moi on est à 3700 mètres, il nous reste peut-être 20-30 min de montée (verticale, littéralement!) avant le sommet, le soleil se lève, on enjambe depuis des heures d'autres cadavres qui pleurent de désespoir et ne peuvent plus avancer...bref, on s'arrête et Phil me dit :" Là, j'ai pu de plaisir". Moi non plus j'en avais pas bcp....On s'est donc trouvé une roche, on s'est assis, collés pour se réchauffer, et on a regardé le levé du soleil. Quand on a plus de plaisir, ben on arrête et on fait autre chose, c'est ce qu'on s'est dit! On est pas ici pour se faire chier. Après le levé du soleil, on descend (2 heures dans la cendre jusqu'au chevilles), retour au camp pour 10h00 am.

 Levé du soleil au sommet (ou presque!) 3700 mètres



C'est moi!! J'ai besoin de preuves que j'ai vraiment monté tout ça!

Mais non, la journée est pas fini! Après le lunch, on entreprend une descente vertigineuse de 1400 mètres en 3 heures pour atteindre le lac du cratère. La seule pensée qui me permet d'avancer:  hot spring, hot spring, hot spring... On arrive au lac en PM et notre guide nous amène à cette fameuse source d'eau chaude....Gosh...un des meilleurs moments de ma vie! Merci à mère nature d'avoir créé un tel réconfort, une chute plus chaude que l'eau d'une douche, un bassin plus chaud qu'un spa, le tout chauffé à même le volcan...wow....se laver....rincer mes cheveux....j'oublie comment j'ai bûché pour me rendre ici....l'espace d'un moment...

Hot spring!!! 


 Couché de soleil au bord du lac du cratère

Chanceux que nous sommes, le levé n'est qu'à 5h00 am demain. Souper, dodo....


Jour 3: Bon, j'ai mal aux jambes un peu, mais rien de dramatique, c'est mon mental qui est moins fort. Je me confie à Philippe: "Merde, on a 10 heures de marche à faire aujourd'hui (montée de 800 mètres et une descente de 2000 mètres par la suite....) je suis pas sûre que je vais être capable..."
Philippe me regarde et sourie: " Yen a pas de problème, parce que t'as pas vraiment le choix! On est dans le fond d'un cratère volcanique Marie, personne, pas même un hélicoptère peut venir ici, va falloir que tu sortes, et pour ça, ben va falloir que tu marches."
Ouin, effectivement, j'ai pas le choix. So suck it up MC and walk!




Voici ce que j'ai a dire sur la troisième journée: The third day is a BITCH! Quand j'ai croisé une jeune dame qui commençait sa première de 3 journées de trek depuis 4 heures et qui me demande si ça va être long encore parce que elle pense peut-être revirer de bord...Issshhhh...en voilà une autre qui va pleurer d'ici quelques heures....la pauvre, elle a aucune idée de ce qui l'attend....
On finit après 9h00 de marche, notre groupe toujours complet, fiers de nous, mais amochés! On ne sent plus nos jambes, mon genou droit est en feu et refuse de fonctionner normalement, des ampoules plein les mains....mais bien contents de notre réussite! Et bien sur, on est arrivé après les porteurs qui ont 20 kg de stock sur une branche de bambou à l'épaule et qui COURENT à flanc de volcan pendant 8 heures en gougounes!!
Réussite!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Qu'est-ce qu'on fait les prochains jours? RIEN! On se paie un hôtel de luxe pour 4 jours, et on fout rien. Piscine, manger, piscine, lecture, film...et Philippe travaille sur sa thèse. Désolée FX, le surf était supposé se faire là, mais on avait peine à marcher et Philippe devait me supporter pour les escaliers, incapable de bouger mes jambes! Donc, faute de mobilité de nos membres inferieurs, nous avons dû annuler l'activité surf. On va se reprendre...



Après un repos bien mérité, on se lance à l'aventure...le monde secret des fanatiques de plongée.

On part de Lombok, direction Sulawesi du Nord, on va passer 1 semaine dans un "resort" de plongée, 3 jours à Bunaken et 5 jours à Lembeh. Faut comprendre qu'il y a rien d'autre à faire que de la plongée là-bas, l'hôtel fourni aussi 3 repas par jour parce qu'il n'y a pas de resto sur les îles. Et c'est ainsi que nous nous sommes infiltrés dans l'univers des passionnés de plongée, les addicts, les compulsifs de la vie sous-marine....Don't get me wrong, I like diving, mais j'aime aussi d'autres choses dans la vie....c'est ça qui nous différenciait des autres vacanciers, on est pas "addicts"! Ils plongent 4 fois par jour pendant 2-3 semaines, passent leur temps à montrer leurs photos et à chercher dans les livres le nom du moindre petit mollusque rencontré, c'est interminable!!!! Aucun autre sujet de conversation. C'EST DU F****** BIRDWATCHING MARIN! Y'a pas d'autres mots! Chaque individu a son espèce fétiche qu'il rêve de voir....et qui en parle à tous les jours....à tous les repas. Pas besoin de vous dire que si tu plonge juste 2 fois par jour...tu deviens un "outsider", quelqu'un qu'on évite et à qui on a rien à dire, quelqu'un d'un peu bizarre qu'on ne comprend pas...Bref, on quitte demain pour Singapour et c'est avec un soupir d'exaspération que je subis les derniers repas, qui se déroulent dans un silence de mort, sauf pour parler du ghost pipefish, du white frogfish, de la mimic octopus, du snake eel, du pygmea seahorse, etc. Et pas bcp de couples ou familles.. non, non,..on laisse le mari ou la femme à la maison avec les enfants et on passe TOUTES nos vacances de l'année à faire exclusivement de la plongée. Pour reprendre un des plongeurs à Lembeh:

" Je passe mes vacances (4 semaines) à faire de la plongée. Ma femme et ma fille n'en font pas alors on passe 1 semaine par année à faire un voyage "normal", et c'est plus que suffisant pour moi!"

(Wow.......ça l'air le fun les vacances en famille par chez vous.)

 Je lui répond : " Ben nous on passe toutes nos vacances "normales" ensembles et on fait de la plongée pendant 1 semaine. Exactement le contraire!"

Il a pas vraiment compris, il m'a simplement fixé comme si je venais de la planète Mars...Phil et moi on en a conclu qu'on allait peut-être éviter les "resort" de plongée à l'avenir, ou rester moins longtemps, on manque de dogmatisme sous-marin! Mais c'est tout de même génial la plongée ici. Bunaken c'est comme Philippe disait : Mettons que t'a une matante qui trippe sur les aquariums. Mettons que cette matante là, elle a acheté toutes les bidules et les gogosses possibles et impossibles à mettre dans son aquarium, pis après ça, elle a acheté les poissons les plus beaux et les plus chers, en vraiment trop grande quantité! Ben c'est ça Bunaken, le gigantesque aquarium de matante chose qui est plein à craquer.


Je me suis lancé dans le noir et blanc. Caprice d'artiste. Lionfish, Lembeh

Lembeh c'est complètement différent par contre. C'est du Mock diving. Le fond est en sable/vase, mais on y retrouve les créatures les plus étranges au monde! Souvent minuscules par contre, comme un hippocampe de 5 mm de haut!  On se sert d'une tige métallique, qui ressemble vraiment et un bâton à brochette pour BBQ, qu'on plante dans le sol pour se stabiliser et ne pas toucher au fond, qui cache plein de trucs vivants. Phil et moi, on excelle dans le pokage de créatures marines à l'aide d'un bâton! Le Kebab stick creatures' poking, une activité qui a la cote ici!

À + tout le monde, on se reparle à Singapour!

"La religion, c’est comme ton pénis. C’est correct... tu peux en être fier... mais garde-le dans tes pantalons" (1 de 2)


(Par souci éthique, les prénoms ont été changés)

Je voulais aller en Iran tout d’abord pour écouter et observer. Malheureusement, les Canadiens doivent d’abord parler pour avoir un visa de visiteur indépendant. Moins de 24h après notre arrivée à Téhéran, des dizaines d’étudiants, des professeurs et des journalistes semblaient vouloir écouter ce que j’avais à dire à Téhéran. Comment commencer un premier contact avec une audience que je ne connaissais pas du tout? Comme tout bon voyageur qui se respecte et qui veut socialiser, j’ai amorcé ma conférence par répondre à l’ultime question: « Where do you come from » ? Ah, you come from the Netherlands ! Great Country ! Une fois que la réponse à cette question existentielle est fournie, le trou béant de l’inconnu se résorbe entre les voyageurs, et un esprit de collégialité peut s’installer. Il semblerait que ce que nous ‘sommes’…commence tout d’abord… par d’où nous venons.  

 Marie à Esfahan en attendant la prière du soir

Voilà, à peu près, comment j’ai répondu: « Je viens du Québec, une province du Canada. Je ne veux pas me vanter, mais je pense que le Québec est un observatoire privilégié pour observer les relations internationales. L’ironie de l’histoire a fait en sorte que nous sommes à la fois un peuple qui a tenté d’imposer sa volonté sur un territoire, et une minorité, conquise, qui a tenté de résister. Cet héritage me permet, je pense, d’être tant sensible à la volonté du plus fort qu’à celle du plus faible. Pis après ? J’ai vendu ma salade comme toujours avec un peu de Said pour finir sur le bon ton.

Phil et la jupette ostentatoire au temple de Prenbanan a Jogya

Si cette présentation était à refaire, j’aurais ajouté un dernier élément. Un élément de modestie. J’aurais ajouté : en revanche, le Québec est un des pires observatoires pour comprendre la religion. Nous avons tellement sortie la religion de nos vies à grands coups de pieds  qu’on arrive plus à la saisir… du moins je dirais, pour ma génération. La religion est devenue quelque chose de simplement bizarre. Pour la majorité des québécois, la religion n’est qu’un passé en voie de disparition sur la ligne du temps que nous nous sommes construites. Alors voilà, après 3 mois à voyager en terres pratiquantes, ce qui constitue la grande majorité de la planète, nous sommes plutôt en contact avec un monde religieux toujours en ébullition. J’en ai donc profité pour être plus sensible aux manifestations du religieux… histoire de mieux observer, pour mieux espérer comprendre et respecter nos hôtes. J’étais totalement démuni pour être honnête… et je ne sais toujours pas comment réagir aux manifestations du religieux. Alors face à face avec des manifestations du religieux, tu faisais quoi ? J’ouvrais le rapport Bouchard-Taylor sur la tablette de Marie. Bah non, en réalité, je manifestais le malaise, c’est ça que je faisais !

Quand le touriste devient l'attraction numero 1: temple de Prenbanan

Istanbul, Turquie. Nous rencontrons une de mes collègues de St-Andrews qui s’inquiétait visiblement de l’intensification de l’influence de l’Islam dans son pays. Malgré le fait que la Turquie soit un pays bâti sur une constitution séculaire, l’islam a de plus en plus d’influence sur l’État. Depuis deux ans, les fonctionnaires ont le droit de porter des symboles religieux ostentatoires au boulot. Ataturk s’est retourné dans sa tombe. Selon elle, le pays qu’Erdogan, le premier ministre, est en train de bâtir, n’est que pour les religieux. ‘Ils veulent que l’on devienne comme l’Iran !’ Elle utilisait constamment le ‘nous’ et le ‘eux’ non pas pour décrire une autre contrée, mais pour parler des séculaires et des religieux en Turquie. Je ne pouvais qu’empathiser avec elle. Si ses peurs deviennent réalité, sa vie de tous les jours en serait fortement affectée. En Iran, la tendance est au sens inverse où la tension monte pour plus de liberté vestimentaire, alors que d’autres, tant femmes qu’hommes, préféreraient voir le tchador imposé. Le gouvernement tente une stratégie positive : ‘Comme les pistaches, les meilleures choses sont enrobées’. Il reste à voir si ce sera assez convainquant.

Marie et Yosdra après la visite d'une relique chiite dans le Nord de Téhéran

J’ai réalisé, à cet instant même, que notre débat sur la charte était davantage une petite secousse, loin de son épicentre, entre autres, au Moyen-Orient. Ce n’était pas notre débat de société québécoise, c’était d’abord le leur. Nous prenions non seulement les arguments des communautés, mais également leurs hyperboles quand ça pouvait conforter nos croyances préétablies. ‘Fondamentalisme’, ‘extrémisme’, ‘fanatisme’ offrent une puissante rhétorique (clin d’œil à Fatima). Mais lorsqu’on gratte un peu ces mots, on n’y voit pas vraiment plus clair. On voit seulement qu’on assiste à un débat tendu. Mais, je reviens à mon point, c’était avant tout ‘leur’ débat parce que peu importe le résultat, il n’y aurait eu aucune conséquence dans la vie de tous les jours pour la majorité des québécois. Que la charte ait passée ou pas, la majorité des québécois n’aurait pas plus mise ou enlevée leurs symboles religieux. Elle n’aurait pas plus pratiqué le carême ou interdit le carême au petit Rodrigue à la garderie du coin. Parce que le petit Rodrigue, il ne le pratiquait pas le carême anyway. Voilà pourquoi, il s’agissait d’un débat dont les conséquences étaient éminemment superficielles pour la majorité, mais tout le contraire pour les minorités. Et voilà, surement, pourquoi seulement 20% des Québécois voulaient encore en entendre parler durant les élections selon CROP. Lassés? peut-être? Mais dans tous les cas, on ne se lasse généralement que des choses superficiels pour passer à autre chose de tout aussi ou moins superficiel. N’importe quel enjeu, tel qu’un référendum ou même la santé et l’économie auraient pris le dessus, et c’est ce qui est arrivé. Alors qu’est-ce que tu vas faire? Je vais continuer d’observer ce qui se passe ‘dans ces pays là’, je n’arrive plus tellement à comprendre ce qui se passe dans le mien.          

 Maison des artistes, Téhéran

Courir sur l'eau divine, check

Éphessus, Turquie. Marie ne supporte plus ma quête quotidienne de trouver un bon café. C’est ma religion à moi. Et sans mon cher acolyte Sam qui est autant sinon plus accroc que moi, j’avoue ne pas avoir un très bon rapport de force. Mais après notre visite des ruines d’Éphessus, m’a chance a sonnée. Il restait une heure d’attente avant le train du retour. Marie me regarde exaspérée : Ok, on va y aller au café. Je saute sur le Lonely planet et je tombe sur le Café St-John. Selon le Lonely, le Café St-John est le préféré des expats en raison de son vaste choix de café espresso, cappucino, machiato etc. Exit le nescafé! Après un peu de recherche, nous trouvons le café juste en face d’une mosquée. Yiha, je rentre à l’intérieur, je commande et je reviens à notre table en terrasse. Je me prépare, mentalement, au rituel. Aussitôt servi, je prends le temps de respirer le café, je trempe ma cuillère à l’intérieur, j’imbibe la mousse au lait de café et je prends une première gorgée. Lorsque la proprio revient, je lui demande : Qu’est-ce qui a bien pu motiver deux Suisses à venir s’établir à 30 minutes d’Ephessus? La dame me regarde avec le plus sérieux du monde. Elle me répond, d’un ton bien froid : ‘Avant il y avait des Chrétiens ici, maintenant, il y a que des mosquées.’  Sa mission et celle de son mari étaient d’assurer une présence chrétienne en Anatolie. 'Nous avons été là, nous sommes maintenant de retour, et nous serons toujours là'. Comment réagir à ça. Well, avec une bonne dose de malaise. Avec un genre de Ah, interesting tout ça :S. On va malheureusement devoir attraper notre train! 

 Les allées de marbre d'Ephessus

Fethyie, Turquie. Sur un bateau d’environ 50 pieds de long, nous faisons la connaissance d’un petit couple d’Australiens qui nous semblait vachement sympathique. Le temps hachuré en milliards d’activités, métro boulot dodo, n’existe plus. Les réservoirs du bateau sont remplis de temps. Il y a trop de temps disponible, et on le sent par le rythme des conversations. Après le ‘Where do you come from’, je demande à Erik, 25 ans, nouvellement marié, mais vivant encore chez ses parents, ce qu’il fait dans la vie. Il me dit qu’il travaille pour un ministère. Ah, so you must be working in Canberra. No, no, I work in Brisbane. Well, ça me semble loin de la capitale. J’ai finis par comprendre qu’il travaillait pour un ministère au sens religieux du terme… après une bonne recherche internet sur les racines religieuses du mot « ministère ». Il était pasteur dans une école. Alors tu as fait quoi en présence de manifestation du religieux? J’ai manifesté le malaise. Et pis après on a jasé de tout et de rien, un peu des méchants iraniens.

Notre bande de joyeux lurons sur le blue voyage

Blue voyaging

Téhéran, Iran. Nous marchons à Téhéran, de retour de Yazd, dans une rue déserte en raison des célébrations du 25e anniversaire de la mort de l’Imam Khomenei. Il doit bien faire 30-35 degrés. Je regarde Marie. ‘En tout cas, on est pas mal mieux à Téhéran avec cette petite brise.’ Marie me regarde avec ses yeux de tueuses. Quel con! Alors que je suis bien confortable dans mon t-shirt « New balance » sport avec ultra-alliage supra suprême pour maximiser l’aération de mon petit corps, Marie a toujours son hidjab et son ‘manteau’ ainsi qu’une camisole. Elle se liquéfie en dessous de tout ça et a bien hâte de changer d’accoutrement. Moi, je manifeste le malaise. C’est en fait toute qu’une chance de voyager avec ma bella. Je n’aurais jamais pu m’imaginer autant les côtés plus désagréables des accommodements raisonnables en pays islamiques sans partager mon quotidien avec elle. En revanche, elle a l’œil pour me faire remarquer des choses que je n’aurais pas vues de mon regard de mâle bêta. Contrairement à ce fameux récit de la femme victime, Marie me fait remarquer qu’elle n’a jamais vu de Papas qui s’impliquent autant avec leurs enfants. Parc, toilettes, poussettes et j’en passe. On ne trouverait pas d’équivalents en Occident. Sérieux, bah oui!

Phil et son fameux chandail New Balance devant la tour Asadi à Téhéran

Temple Indouiste à Ubud, Indonésie

Bon, la longueur de ce blog ne fait aucun sens. Je devrai donc le terminer en deux parties. À toute.
Notre difficile adaptation à la secte des plongeurs de Lembeh


Philos à Lembeh en compagnie de la secte des plongeurs beaucoup trop stimulés par les petites créatures rares et bizarres.